Jenny Sutherland et ses enfants, Jacob et Leona ont survécu à l’effondrement de la civilisation survenu dans la « théorie des dominos« . Jenny, après avoir quitté Londres a trouvé refuge auprès d’une communauté mais celle-ci a été attaquée par des pillards. Jenny a alors fondé sa propre communauté sur un ensemble de plateformes de forages situées à une vingtaine de kilomètres des côtes anglaise. Une retraite quasi imprenable parce que la première plateforme se trouve à 30m de hauteur et qu’il est très difficile d’y accéder sans aide.
Cette communauté, dix ans après la catastrophe, regroupe environ 450 personnes qui vivent là sous la direction avisée de Jenny. Grâce à un élevage de poulets, les habitants ont du fumier qu’ils peuvent utiliser pour faire pousser des légumes et notamment des tomates. Ils ont aussi un générateur fonctionnant à base de méthane qui leur permet d’avoir un peu d’électricité en soirée.
L’autre communauté importante à avoir survécu est celle qui s’est établie sur la zone d’urgence 04. Dirigée par Alan Maxwell, elle a accueilli 2.000 personnes avant qu’Alan ne décide de fermer les portes. Ayant compris que la crise durerait bien plus que 12 semaines, Alan a vite fait le calcul: avec de la nourriture pour 60.000 personnes pour 12 semaines, il pourrait tenir plusieurs années en n’admettant que 2.000 personnes En rationnant les vivres et en essayant de créer quelques cultures, il pourrait tenir au moins dix ans et d’ici là, la civilisation aurait redémarré non?
Comme on le voit, dans la première approche, on tente de vivre en autarcie, en créant suffisamment de nourriture pour pouvoir continuer. Dans la deuxième, on survit en épuisant petit à petit un stock conséquent de nourriture mais sans envisager ce qui se passera après que le stock soit épuisé.
Lorsque Maxwell apprend l’existence de la communauté fondé par Jenny Sutherland, il y voit l’occasion de poursuivre son règne en s’emparant des plateformes pétrolières qu’il pense encore en activité.
Curieuse façon de commencer ce roman, l’auteur nous expliquant que 51 ans après la catastrophe, la reconstruction en cours doit tout à l’énergie d’une seule femme ; on s’attend dès lors à ce qu’il nous explique comment en fuyant Londres, les Sutherland ont trouvé un refuge et ont rebâti une communauté petit-à-petit.
Que nenni, après cette introduction de quelques lignes, nous nous retrouvons plongés 10 ans après la catastrophe, à une époque où l’on nous explique comment les deux communautés ont survécu (on a droit régulièrement à des flashbacks qui nous ramènent aux jours qui ont suivi immédiatement la catastrophe et qui permettent de comprendre les choix de Maxwell –sans devoir pour cela les approuver- notamment). Alex Scarrow nous montre les deux types de réactions, les gens de la zone de sécurité qui tentent de prolonger l’existence qu’ils ont connu en continuant à consommer sans songer à produire et ceux qui tentent de rebâtir ce qu’ils peuvent.
Nous suivons ensuite l’itinéraire de plusieurs personnages à l’intérieur des communautés de survivants puis à l’extérieur de celles-ci quand Jacob et Leona Sutherland décident de se rendre à Londres.
Alex Scarrow nous présente volontairement une vision noire de l’après catastrophe, il s’en explique dans la postface mais il vaut quand même mieux ne pas lire ce bouquin si on est déprimé.
Les humains sont au centre de ce livre ou plutôt l’homme avec ses faiblesses et son manque de vision à long terme. Après la catastrophe, on constate que les comportements abusifs, le profit, le vol, le meurtre ou le viol sont toujours présents comme si à la dernière heure l’humanité n’était même pas capable d’évoluer pour tenter de créer une société où l’entraide serait le moteur des relations humaines. Il nous met vraiment en face d’une société complètement désintégrée et apparemment incapable de se reconstuire.
Je ne partage pas entièrement son point de vue. A mon sens, et contrairement à ce qu’il écrit dans sa postface, il y a beaucoup plus de chances que de petites communautés disséminées survivent autour de villages fortifiés plutôt que des communautés importantes dans des espaces confinés.
Le principal intérêt de ce roman est cependant qu’il nous entraîne dans des réflexions sur la gaspillage dans notre société, sur l’évolution de celle-ci et sur l’aveuglement de ceux qui ne voient pas que sans changement radical, notre monde va droit vers l’effondrement. Même si le choc pétrolier invoqué dans la théorie des dominos se produisait plus lentement, même si nous trouvons des solutions de remplacement au pétrole, il n’en reste pas moins que nous ne pouvons pas continuer à croire à un système qui repose sur la croissance continue.
Tôt ou tard, la croissance continue va être battue en brèche et comme le dit Alex Scarrow, plus tôt on prendra conscience du problème, plus tôt on pourra prendre des mesures pour changer les choses.
Si ce roman nous porte à réfléchir, il n’en est pas pour autant un roman que vous aurez envie de relire. Je ne l’ai pas trouvé aussi réussi que l’effet domino et il m’a quand même fallu m’accrocher pour poursuivre dans cet univers post-apocalyptique pendant plus de 700 pages.
Un autre problème auquel l’auteur ne répond pas, c’est que l’on n’en sait toujours pas plus sur les personnes qui ont déclenché la catastrophe et sur les motifs de ceux qui l’ont déclenchée. Cela semble à la mode actuellement, un auteur nous parle des conséquences d’un événement mais nous laisse la cause et les motifs dans l’ombre, il suffit de voir, outre les présents romans d’Alex Scarrow, la série de John Birmingham ou le livre de W. Forsctchen
Ma note personnelle: 14/20
L’effet domino – Alex Scarrow
Le livre de poche – 739 pages