Suite à la victoire de l’Invincible Armada en 1588, la reine Elisabeth a été assassinée et l’église catholique a pris le contrôle de l’Angleterre et de ses colonies (y compris l’Amérique).
Au travers de plusieurs récits, nous découvrons les caractéristiques de cette Angleterre qui au XXème siècle est toujours féodale. L’Eglise refuse la plupart des évolutions technologiques. Dès lors, la révolution industrielle n’a pas eu lieu. On n’y connaît ni routes goudronnées, ni chemin de fer, encore moins le télégraphe ou le téléphone.
Certes on a des locomotives à vapeur mais elles ne roulent pas sur des rails, elles circulent librement à travers les villes et les campagnes sur leurs roues. On a aussi quelques rares automobiles, privilèges des très riches. Les communications se font à travers un réseau de tours de Sémaphores.
La première histoire de cet ouvrage nous présente une famille de conducteur de train à vapeur. Le premier récit voit Jesse Strange, suite à une déception sentimentale et à la trahison d’un ancien camarade de collège, s’impliquer à fond dans son entreprise et entamer le début de l’ascension de la société Strange et fils aux manettes de sa locomotive préférée, la Lady Margaret.
La deuxième histoire nous présente une autre évolution technologique que l’Eglise a autorisée : la transmission de message par sémaphores. Ces sémaphores sont montés dans des tours de tailles variables en fonction de leur importance dans le réseau des tours (les tours de petites tailles n’étant desservies que par un seul Signaleur tandis que les tours situées à des nœuds importants de communication peuvent en contenir des dizaines. Les signaleurs sont organisés en guilde et constituent une organisation très puissante parce que seuls les membres de la guilde peuvent déchiffrer les signaux. Nous suivons donc l’apprentissage et les débuts d’un signaleur jusqu’à sa mort tragique dans un petit poste isolé où il était le seul à opérer.
La troisième partie nous le Frère Jean, un moine spécialisé dans la lithographie à qui l’on demande de réaliser des dessins sur le travail de l’inquisition. Rendu à moitié fou par les tortures auxquelles il assiste, le frère Jean s’en va prêcher contre l’Eglise à travers les campagnes. Il se retrouve bientôt à la tête d’une rébellion. Excommunié et pourchassé comme hérétique, il est pourtant soutenu par le peuple. Les autorités catholiques envoient alors une véritable armée qui matera la révolte dans le sang.
Dans la partie suivante, nous voyons comment Margaret, la nièce de Jesse Strange est séduite par le seigneur de Purbeck. Abandonnée par son amant, elle retourne chez son oncle Jesse qui a réussi au-delà de toute espérance, sa firme régnant seule sur le transport des marchandises du sud de l’Angleterre mais vieux et amer, il ne sait plus pourquoi il a dépensé tant d’énergie pour atteindre ce but.
La dernière nouvelle conte une nouvelle révolte, cette fois-ci menée par Lady Eleanor, châtelaine de « Corfe Gate », qui est partisane du progrès (on trouve même des ampoules électriques dans certaines pièces du château). Les troupes papales, en l’absence du roi matent la révolte et rasent le château. On sent cependant qu’il s’agit du chant du cygne des conservateurs. La révolution est en marche, plus rien ne l’arrêtera.
« Pavane » est un classique de l’Uchronie, c’est un roman que je n’ai pas trouvé facile au premier abord. Le ton particulièrement sombre de cet ouvrage a failli me faire abandonner à plusieurs reprises. Si le contexte est intéressant au point de vue technique et historique, il m’a fallu persévérer tellement la vie des personnages paraît désespérée.
Néanmoins, je ne saurais que conseiller aux lecteurs de s’accrocher jusqu’au bout. La construction du récit est telle que chacune des parties mène à une conclusion qui change radicalement la donne.
Je n’en dirai pas plus pour ne pas spolier mais si comme moi, vous avez des hésitations, je vous encourage à poursuivre la lecture jusqu’au bout du livre.
Ma note personnelle: 15/20
Pavane – Keith ROBERTS
Le livre de Poche N°7019
315 Pages